Il y a des images qui collent à la peau de Monaco : des yachts scintillants à quai, du champagne en terrasse et bien sûr… des supercars rugissantes dévalant les rues de Monte-Carlo. Mais cette carte postale dorée commence à agacer les autorités monégasques. En avril 2025, le gouvernement princier impose un nouveau tour de vis pour lutter contre les rassemblements sauvages de voitures de luxe. Une décision qui tombe à quelques semaines de deux événements majeurs : le salon Top Marques et le mythique Grand Prix de Formule 1. Zoom sur une stratégie sécuritaire qui pourrait bien redessiner le paysage automobile de la Principauté.
Un tour de vis inédit face aux dérives automobiles
La Principauté n’en peut plus des incivilités sur quatre roues. Dans un récent communiqué de presse, le gouvernement monégasque annonce que la police pourra, dès mai 2025, immobiliser des véhicules pour une durée maximale de 120 heures, soit 5 jours complets. Cette mesure vise directement les comportements routiers jugés dangereux ou inappropriés, qui pullulent lors des rassemblements improvisés autour des événements prestigieux organisés à Monaco.
Deux dates sont particulièrement ciblées : le salon Top Marques Monaco (du 7 au 11 mai 2025) et la 82ᵉ édition du Grand Prix de Formule 1 (du 22 au 25 mai 2025). Durant ces périodes, la Principauté devient le théâtre de démonstrations automobiles parfois hors de contrôle. Drift, accélérations sauvages, moteurs hurlants dans les tunnels : une minorité de conducteurs passionnés mais imprudents ternit l’image de ce micro-État ultraluxueux.
Le gouvernement justifie sa décision par la volonté de « préserver la tranquillité et la sécurité publiques des résidents ». Objectif : dissuader les comportements à risque sans attaquer directement les événements eux-mêmes, qui demeurent des vitrines incontournables pour l’économie et le rayonnement de Monaco.
Monaco face à son dilemme automobile : entre rêve mécanique et risques urbains
Monaco est confronté à un paradoxe devenu de plus en plus aigu. Sur le plan économique et médiatique, la présence de véhicules extraordinaires est un atout indéniable. Le salon Top Marques est même présenté comme « le salon le plus exclusif au monde », où constructeurs de supercars, horlogers de luxe et amateurs d’hyperperformance se retrouvent pour déployer un spectacle artistique et mécanique sans pareil.
Mais dans les faits, la multiplication des rassemblements informels autour de ces événements a des effets délétères. Les nuisances sonores, la congestion routière et le non-respect du code de la route représentent une menace directe pour les habitants (près de 40 000 personnes), dont de nombreux retraités et familles recherchent la tranquillité dans ce décor de carte postale.
Ces nouvelles restrictions ne ciblent donc pas l’élite automobile, mais les excès autour d’elle. En allongeant à 120 heures la durée d’immobilisation d’un véhicule impliqué dans une infraction, Monaco veut frapper fort sans toucher au cœur de son image internationale. Une mesure qui fait écho aux dispositifs de « low tolerance » déjà appliqués dans certaines villes ultra-touristiques comme Dubaï, Miami ou Londres, également confrontées à des démonstrations automobiles incontrôlées.
Quel impact pour les passionnés d’automobile et l’industrie du luxe ?
Cette politique sécuritaire pourrait créer un précédent en Europe. Car si Monaco, État pionnier dans le luxe automobile, resserre la vis, d’autres destinations haut de gamme pourraient s’en inspirer. Les collectionneurs et conducteurs de supercars – souvent habitués à une grande liberté de conduite – devront désormais intégrer une dimension plus réglementée dans leurs road-trips sur la Côte d’Azur.
Cependant, cette évolution soulève une vraie question pour les professionnels du secteur : comment maintenir le rêve tout en disciplinant ses débordements ? Les organisateurs des événements comme Top Marques ou le Grand Prix devront sans doute renforcer les communications en amont, en sensibilisant les visiteurs aux règles à respecter sur la voie publique.
En réalité, ce durcissement réglementaire pourrait même bénéficier à l’image globale de Monaco. En démontrant sa capacité à conjuguer passion automobile et respect des règles, la Principauté montre l’exemple : le rêve mécanique peut exister sans se transformer en cauchemar sonore pour les riverains.
En somme, une initiative à la fois audacieuse, préventive… et symptomatique d’un nouveau rapport entre les métropoles du luxe et les usages automobiles extrêmes.