Le succès de Tesla ne se limite pas à ses voitures électriques. En 2025, grâce à la revente de ses excédents de quotas CO2, la marque pourrait récolter plus d’un milliard d’euros, sans vendre un seul véhicule. Décryptage d’un modèle économique qui tire parti des contraintes réglementaires.
Tesla, leader mondial des véhicules électriques, continue de bousculer les règles. En 2025, la firme fondée par Elon Musk prouve qu’elle n’a pas besoin de vendre uniquement des voitures pour prospérer. Les quotas CO2, générés par la norme CAFE qui impose des plafonds d’émissions aux constructeurs, sont devenus un pilier de sa stratégie économique.
En effet, Tesla ne produit que des véhicules électriques, classés comme « zéro émission », ce qui lui permet d’accumuler des crédits carbone excédentaires. Ces crédits, recherchés par des constructeurs qui peinent à atteindre les objectifs, sont ensuite revendus à prix d’or.
La norme CAFE, un levier lucratif
La norme européenne CAFE (Corporate Average Fuel Economy) fixe des limites strictes sur les émissions moyennes de CO2 des gammes de véhicules. Ces seuils, encore abaissés en 2025, obligent les marques à électrifier au moins 20 % de leur production. Pour les entreprises en retard sur cet objectif, acheter des crédits carbone devient une nécessité pour éviter des amendes salées.
C’est dans ce contexte que Tesla excelle. En formant un « pool » avec des groupes tels que Stellantis, Toyota, Ford, Subaru et Mazda, Tesla leur vend ses quotas excédentaires. Selon la banque UBS, dirigée par l’analyste Patrick Hummel, la rémunération totale de Tesla pour ces ventes pourrait dépasser un milliard d’euros cette année.
Un marché en pleine expansion
La vente de crédits carbone n’est pas nouvelle pour Tesla. Depuis 15 ans, l’entreprise a déjà récolté plus de 10,2 milliards de dollars grâce à cette activité. Mais la pression réglementaire accrue en 2025 amplifie encore son avantage. Ce mécanisme illustre une forme de paradoxe : alors que certains constructeurs peinent à verdir leur flotte, Tesla tire parti de ces contraintes pour accroître ses revenus.
Le délai pour rejoindre ce « pool » de constructeurs et acheter des crédits s’étend jusqu’au 5 février, laissant la porte ouverte à d’autres participants.
Volvo et Mercedes, les autres acteurs du marché
Tesla n’est pas le seul à profiter de cette manne. Le constructeur suédois Volvo, avec son SUV électrique EX30, joue aussi un rôle dans ce commerce. En s’associant avec Mercedes, Volvo cherche à compenser les émissions excédentaires de ses véhicules thermiques. Le groupe Geely, propriétaire de Volvo, ainsi que ses marques Polestar et Smart, pourraient générer jusqu’à 300 millions d’euros grâce à ce partenariat.
Cette tendance souligne l’importance croissante des crédits carbone dans le modèle économique des constructeurs automobiles. Pour certains, comme Tesla, ils sont devenus aussi lucratifs que la vente de voitures.
Une stratégie qui suscite des critiques
Bien que ce système aide à financer l’électrification, il soulève des questions éthiques. Certains y voient une « duperie intellectuelle », où les constructeurs achètent des « droits à polluer » plutôt que de réduire leurs émissions à la source.
Pour Tesla, cette opportunité est une preuve supplémentaire de son avance stratégique. La marque continue d’afficher des bénéfices records, tout en permettant à d’autres de compenser leurs lacunes environnementales.