Le marché de l’occasion vit depuis quelques mois une petite secousse… qui pourrait très vite devenir un séisme. Longtemps cantonnée à un segment de niche, l’électrique d’occasion sort de l’ombre. Décryptage d’un virage majeur.
Des prix en chute libre : l’électrique quasiment au prix du diesel
20 490 euros. Ce chiffre venu tout droit du dernier Observatoire de La Centrale fait frissonner plus d’un acteur du marché automobile. Il représente aujourd’hui le prix moyen d’un véhicule électrique d’occasion. Et ce n’est pas un chiffre anodin : il signe une baisse vertigineuse de 17,51 % en un an seulement. Mieux encore, ce tarif devient presque équivalent à celui d’un modèle diesel : 19 970 euros. Le fossé historique entre motorisations s’estompe, une première à cette échelle.
Cette convergence tarifaire marque un tournant stratégique pour l’électromobilité. Sur le neuf, l’électrique reste globalement plus cher que les thermiques à équipement comparable. Mais sur le marché de l’occasion ? C’est désormais une autre musique. La décote accentuée des modèles zéro émission, combinée à une arrivée massive d’ex-voitures de société ou de LOA en fin de contrat, tire les prix vers le bas. Une bonne nouvelle pour les particuliers en quête d’un modèle plus vert… sans casser leur tirelire.
Un marché en plein boom : +36,81% de ventes en un an
Résultat direct de cette baisse de prix, l’offre comme la demande s’envolent. Les ventes de véhicules électriques d’occasion ont progressé de 36,81 % sur un an, une croissance impressionnante qui tranche avec la stagnation du thermique. Sur les plateformes comme La Centrale, les annonces ont augmenté de 28 %, preuve que le stock se renouvelle à grande vitesse.
Mais attention : cette explosion reste relative. L’électrique ne représente aujourd’hui que 2,9 % du volume total des ventes d’occasion, loin derrière le diesel (45 %) et l’essence (40 %). La transition est amorcée, mais les moteurs thermiques conservent une majorité écrasante sur le marché. Le scepticisme reste encore bien ancré chez de nombreux acheteurs, notamment en zones rurales ou sur les trajets longue distance.
Fiabilité, autonomie : les points de vigilance pour l’acheteur
Si les prix séduisent, il ne faut pas pour autant foncer tête baissée. L’achat d’un véhicule électrique d’occasion comporte quelques spécificités à ne pas négliger, à commencer par l’état de la batterie, véritable cœur de la machine. Une dégradation excessive de la capacité peut réduire fortement l’autonomie et miner le plaisir de conduite.
Les experts recommandent systématiquement de demander un certificat de capacité de batterie, souvent délivré lors de l’entretien chez les réseaux agréés. Ce document offre une photographie claire de l’autonomie restante. À éviter : les modèles sans historique clair, ou dont le propriétaire ne peut pas fournir la traçabilité.
Autre enjeu : l’infrastructure de recharge. Avant d’investir, mieux vaut s’assurer de disposer d’un point de charge domestique ou d’un bon maillage public à proximité. L’achat d’une voiture électrique reste encore un choix volontariste, surtout si vous vous éloignez des grands centres urbains.
Un signal fort pour l’avenir du marché automobile
Le rétrécissement de l’écart entre thermique et électrique sur le marché de l’occasion pourrait bien bousculer durablement les habitudes. Ce rééquilibrage rebat les cartes, et notamment pour les constructeurs, qui doivent anticiper l’arrivée massive de leurs anciens modèles électriques sur le marché de la seconde main.
Pour les acheteurs, c’est le moment idéal pour franchir le pas : jamais l’électrique n’aura été aussi accessible. Quant aux professionnels de l’automobile, des réseaux comme Renault Occasions ou Spoticar (Peugeot-Citroën) misent de plus en plus sur un label électrique avec garantie batterie, pour rassurer et fidéliser.
L’électrique d’occasion n’est plus une curiosité. C’est déjà un nouveau chapitre de la mobilité. Et cette fois, tout le monde risque d’y trouver son compte.