Le 23 mars 2025, Paris a franchi une nouvelle étape dans sa transition écologique avec un projet ambitieux : verdir et piétonniser 500 rues de la capitale. Cette décision, adoubée par une votation citoyenne, marque un tournant dans la politique urbaine, mais déclenche aussi de nombreuses controverses notamment auprès des automobilistes.
Une mobilisation citoyenne timide mais décisive
Organisée sous forme de votation participative, cette consultation citoyenne a appelé les Parisiens dès l’âge de 16 ans à se positionner sur deux questions clés. L’une portait sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 rues dans tous les arrondissements, et l’autre sur la transformation des portes Saint-Martin et Saint-Denis (10e arrondissement) en espaces verts et piétonniers.
Malgré une accessibilité facilitée avec 223 bureaux ouverts de 9h à 19h, la participation a plafonné à 4,06 %. Cela représente 56 489 votants pour toute la ville. Fait notable, l’adhésion a tout de même été massive avec 65,96% de votes favorables à l’échelle parisienne, et même au-delà des 80 % dans le 10e arrondissement pour les deux propositions.
Projet ambitieux, opposition véhémente
Ce projet de transformation urbaine constitue une des pièces maîtresses du plan climat de la Ville, qui vise également à réduire le bruit, la congestion et la pollution grâce aux restrictions Crit’Air et à l’extension des Zones à Faibles Émissions. Depuis 2020, 197 rues ont déjà été transformées en « rues-jardins ». Avec cette nouvelle vague, c’est 10 % du réseau routier parisien qui serait repensé.
Cependant, cette métamorphose ne fait pas l’unanimité. L’association 40 millions d’automobilistes dénonce une « mise à l’écart progressive des conducteurs », notamment avec la multiplication des voies réservées au covoiturage et la suppression annoncée de plus de 10 000 places de stationnement en surface.
Quels impacts sur la mobilité urbaine ?
Ce chantier urbanistique ouvre un débat plus large sur la place de l’automobile dans les grandes villes. Pour les habitants, il s’agit de rééquilibrer l’espace public au profit des piétons et cyclistes. Pour les professionnels de la route ou les familles résidant en périphérie, cette politique pourrait accroître les difficultés d’accès et de stationnement.
À partir d’avril 2025, la transformation des rues sélectionnées débutera avec une série d’études techniques, puis une concertation publique. La réalisation finale devrait s’étendre sur trois ans. À terme, les rues piétonnisées pourraient devenir des vitrines d’un Paris plus silencieux, plus vert, mais aussi potentiellement plus clivant.
Rappelons que cette votation s’inscrit dans une série de projets de réaménagement entamés par la Ville de Paris, qui a par ailleurs renforcé la lutte contre les SUV et restreint des services comme les trottinettes électriques en libre-service.
Un signal fort dans la stratégie anti-voiture ?
Face à un écosystème urbain de plus en plus tendu entre écologie et mobilité, Paris dessine un avenir sans voiture individuelle en centre-ville. Le taux de motorisation baisse, les transports en commun et la mobilité douce gagnent du terrain. Ce projet n’est qu’un jalon supplémentaire dans une stratégie globale visant à décarboner la capitale.
Mais il interpelle : comment faire cohabiter les besoins des citadins écologistes et ceux des automobilistes périurbains ? Quelle place pour les professionnels qui dépendent quotidiennement de leur véhicule ? Si Paris réussit cette mutation, elle pourrait devenir une référence mondiale du développement urbain durable… ou un cas d’école en matière de fracture entre usagers.