Carlos Tavares, directeur général de Stellantis depuis 2021, quitte brusquement ses fonctions. Une décision liée à des tensions avec le conseil d’administration. Le groupe, en pleine turbulence financière, amorce une phase de transition critique sous la direction temporaire de John Elkann.
Carlos Tavares, un départ précipité
Carlos Tavares, figure emblématique de l’industrie automobile, a démissionné de son poste de directeur général de Stellantis ce dimanche 1er décembre. Cette décision, annoncée comme « immédiate », intervient dans un contexte de désaccords profonds entre le dirigeant et le conseil d’administration du groupe. John Elkann, président du conseil et membre de la famille Agnelli, a pris la tête d’un comité exécutif temporaire en attendant la nomination d’un successeur prévue pour le premier semestre 2025. Même si Carlos Tavares avait annoncé ne pas reconduire son mandat mi octobre, cette démission subite a surpris tout le monde.
Henri de Castries, administrateur de Stellantis, a expliqué que cette rupture découle de « divergences de vues » sur la stratégie à adopter pour surmonter les défis majeurs du groupe.
Une gestion controversée
Sous la houlette de Carlos Tavares, Stellantis a connu des transformations majeures. Fusionné en 2021 entre PSA Peugeot Citroën et Fiat Chrysler, le groupe a vu son portefeuille de marques s’étoffer, allant de Jeep à Peugeot en passant par Opel. Cependant, cette dynamique s’est heurtée à des difficultés financières croissantes, notamment une baisse de 18 % des ventes en Amérique du Nord au premier semestre 2024.
Tavares, connu pour son management rigoureux, voire brutal, était aussi salué pour sa capacité à redresser des entreprises en difficulté. Il avait notamment sauvé PSA de la faillite en orchestrant des rachats stratégiques et en réalisant des économies importantes. Mais cette approche a fini par heurter les équipes et le conseil, à l’origine de son éviction.
Un contexte financier sous pression
La situation financière de Stellantis a joué un rôle clé dans ce départ. Le groupe fait face à des défis de taille : la transition vers l’électrique, la concurrence accrue des constructeurs chinois, et une baisse générale des ventes en Europe. Aux États-Unis, marché crucial pour le groupe, des grèves massives ont également affecté les performances.
Malgré ses efforts pour redresser le groupe, Carlos Tavares n’a pas réussi à rassurer les actionnaires. En octobre, Stellantis avait lancé un avertissement sur ses résultats, marquant un tournant négatif pour le constructeur.
Une indemnité record pour un patron contesté
Carlos Tavares, qui était le dirigeant le mieux rémunéré de l’industrie automobile avec 36,5 millions d’euros en 2023, quitte Stellantis avec une indemnité conséquente, évaluée en dizaines de millions d’euros. Ce départ, bien qu’imposé, a été accompagné de la reconnaissance par le conseil de ses contributions majeures au développement du groupe ces dernières années.
Cependant, ses méthodes de management, jugées trop agressives, et son refus de s’adapter aux remarques du conseil, ont pesé lourd dans la balance. Plusieurs administrateurs parlent d’un « déni » face aux critiques, ce qui a précipité son départ.
Quelle suite pour Stellantis ?
L’intérim assuré par John Elkann marque une période de transition délicate. Le groupe devra naviguer à travers des enjeux stratégiques cruciaux tout en recherchant un nouveau leader. Ce successeur devra à la fois apaiser les tensions internes et rassurer les marchés financiers, tout en poursuivant la transformation de Stellantis vers une mobilité durable.
Le départ de Carlos Tavares, figure iconique mais controversée, ouvre un nouveau chapitre pour Stellantis. La direction devra rapidement définir une vision claire pour répondre aux défis actuels et futurs.
En résumé
Carlos Tavares, directeur général de Stellantis depuis 2021, a démissionné brusquement, évoquant des désaccords avec le conseil d’administration. Bien que reconnu pour ses performances passées, son style de management controversé et les difficultés financières du groupe ont précipité son départ. John Elkann prend la direction temporaire du constructeur, qui doit désormais naviguer dans une période critique tout en recherchant un successeur capable de relever de nombreux défis.