Après des années de tolérance et d’expérimentations, la circulation interfile est désormais légalisée en France. Cette pratique, bien connue des motards, bénéficie d’un cadre strict pour allier fluidité et sécurité. Retour sur une réforme qui marque un tournant historique pour les usagers de deux-roues.
Depuis le 11 janvier 2025, la circulation interfile (CIF) est officiellement inscrite dans le Code de la route. Ce décret marque la fin d’une longue période d’incertitudes pour les motards, qui pratiquaient l’interfile sans réelle reconnaissance légale. Réservée aux motos, scooters et tricycles motorisés de moins d’un mètre de largeur, la CIF répond désormais à des règles claires pour garantir la sécurité de tous.
La légalisation précise que cette pratique s’applique uniquement sur les routes et autoroutes à deux fois deux voies, séparées par un terre-plein central. De plus, elle est strictement limitée à des conditions de trafic ralenti : une vitesse maximale de 50 km/h en cas de circulation dense et de 30 km/h lorsque les files sont à l’arrêt. Les motards doivent circuler entre les deux files les plus à gauche et éviter l’interfile en cas de conditions défavorables, comme la neige, le verglas ou des travaux.
Un chemin semé d’expérimentations et de débats
Avant cette reconnaissance, la CIF avait été l’objet de nombreuses expérimentations. Dès 2016, 21 départements français avaient testé cette pratique sous la supervision du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). L’objectif était d’évaluer son impact sur la sécurité routière et la fluidité du trafic.
Ces études ont révélé que la circulation interfile, lorsqu’elle est encadrée par des limitations claires, ne représente pas un risque accru pour les usagers. Une deuxième phase d’expérimentation entre 2021 et 2024 a permis d’étendre les tests à de nouvelles zones. Les résultats ont confirmé l’importance de limiter la vitesse pour prévenir les accidents.
Avec la publication du décret n°2025-33, les autorités ont officialisé cette pratique, mettant un terme au flou juridique qui régnait depuis des décennies.
Les avantages pour tous les usagers de la route
La CIF ne profite pas uniquement aux motards ; elle contribue également à une meilleure fluidité du trafic pour l’ensemble des usagers. En permettant aux deux-roues de se faufiler entre les voitures, cette pratique réduit le temps passé dans les embouteillages et libère de l’espace pour les automobilistes.
De plus, l’encadrement strict de la CIF favorise une meilleure cohabitation entre motards et conducteurs. Les règles établies limitent les comportements imprudents et rappellent aux motards l’importance de respecter les vitesses maximales et les zones autorisées.
Des sanctions pour un usage responsable
La légalisation de la circulation interfile s’accompagne de sanctions en cas de non-respect des règles. Les motards imprudents risquent une amende forfaitaire de 135 euros, un retrait de trois points sur leur permis et, dans certains cas, une vidéo-verbalisation grâce aux dispositifs de contrôle automatisés.
Cette responsabilisation est essentielle pour garantir la sécurité de tous et éviter les abus. Comme en Espagne ou aux Pays-Bas, où l’interfile est réglementée depuis plusieurs années, la France mise sur une combinaison de libertés et de devoirs pour renforcer la sécurité routière.
Une victoire pour les motards, une responsabilité pour tous
La légalisation de la circulation interfile est une avancée majeure pour les motards français, mais elle représente également un défi collectif. En reconnaissant une pratique largement répandue, les autorités ont répondu à une demande historique des usagers tout en fixant des limites pour prévenir les dangers.
Si cette mesure est saluée par les associations de motards, elle rappelle également que la liberté de circuler en interfile implique un respect strict des règles. Pour les automobilistes, cette réforme est une opportunité de mieux cohabiter avec les deux-roues et de fluidifier le trafic dans les zones congestionnées.