Le bonus écologique va connaître une réduction drastique à partir du 1er janvier 2025. En parallèle, le gouvernement envisage de durcir les critères d’attribution pour bloquer certaines marques étrangères, notamment chinoises. Explications.
Instauré en 2008, le bonus écologique a longtemps été un levier pour encourager l’achat de véhicules électriques. Mais cette aide se réduit progressivement. Dès le 1er janvier 2025, elle sera divisée par deux pour la majorité des Français, passant de 4 000 à 2 000 euros. Pour les ménages les plus modestes, la baisse sera également marquée : de 7 000 à 4 000 euros.
Cette diminution significative risque de freiner de nombreux acheteurs potentiels, hésitant déjà à passer de leur voiture thermique à un modèle électrique. Mais ce n’est pas le seul changement à prévoir. Les critères d’éligibilité au bonus pourraient devenir encore plus stricts.
Une faille exploitée par les constructeurs chinois
Le gouvernement cherche en effet à combler une faille dans le système de bonus écologique. En cause : un accord récent entre le groupe Stellantis (qui détient notamment Peugeot, Citroën et Fiat) et la jeune marque chinoise Leapmotor. Cet accord vise à ouvrir le marché européen aux véhicules électriques de Leapmotor en s’appuyant sur le réseau de distribution de Stellantis.
Les modèles de Leapmotor, comme la citadine T03 et le SUV B10, sont assemblés en Europe. La T03 est assemblée en Pologne tandis que le B10 pourrait l’être en Allemagne ou en Slovaquie. Toutefois, une large partie de leur fabrication (carrosserie, moteur, batteries) reste effectuée en Chine. Seul l’assemblage final est réalisé sur le sol européen. Cette stratégie permettrait aux véhicules chinois de bénéficier du bonus écologique grâce à une meilleure notation de leur score environnemental.
La stratégie d’assemblage en question
Le calcul du score environnemental repose actuellement sur l’empreinte carbone du véhicule, de sa production à sa distribution. En assemblant leurs véhicules en Europe, les constructeurs chinois peuvent améliorer ce score. C’est précisément ce que le gouvernement veut empêcher en modifiant le texte régissant le bonus.
Pour y parvenir, l’exécutif envisage de remplacer le terme « site d’assemblage » par « site de fabrication ». Cette modification ferait primer le lieu de fabrication du véhicule, plutôt que le simple lieu d’assemblage. Si ce changement est adopté, les véhicules assemblés en Europe, mais fabriqués majoritairement en Chine, pourraient perdre leur éligibilité au bonus écologique.
Une réponse rapide pour éviter une concurrence déloyale
Le gouvernement ne souhaite pas laisser cette faille ouverte trop longtemps. La consultation publique sur le nouveau texte s’achèvera le 26 décembre 2024. Cette précipitation montre l’urgence pour les autorités d’empêcher les constructeurs étrangers, en particulier chinois, de profiter de cette aide destinée à soutenir l’industrie automobile française et européenne.
Pour les automobilistes français, cela signifie que les véhicules Leapmotor pourraient ne jamais bénéficier du bonus écologique. Mais ces modèles restent compétitifs : la Leapmotor T03 est proposée à partir de 18 900 euros, avec une réduction temporaire de 4 000 euros jusqu’au 31 décembre 2024.
Le marché électrique à un tournant
Ce durcissement des règles pourrait avoir un impact significatif sur le marché des voitures électriques en France. Les autorités espèrent ainsi protéger les constructeurs nationaux tout en favorisant une production véritablement locale. Mais cette stratégie pourrait également ralentir l’adoption de véhicules électriques moins chers venus de l’étranger.
Les acheteurs devront donc faire face à une offre réduite et des prix potentiellement plus élevés. Pour le gouvernement, le défi reste de concilier transition écologique et protection de l’économie nationale.